espace

Atelier des basculements

L’atelier des basculements s’inscrit dans le programme éda (épistémologies depuis les arts) et fait suite à un séminaire de recherche-création (épistémologies pour médium) qui a conjugué des résidences artistiques, des workshops avec des étudiants de Master, des sorties d’atelier et des conférences. Il a accueilli des artistes-chercheurs – avec toutes les modalités de conjonction et de disjonction possibles entre ces deux termes –, qui se sont emparés de la question des épistémologies diversement.

Trois champs se sont dégagés de ces travaux :

✤ Pensées hors modernité (épistémologies des suds, non moderne…)

✤ Interrogation institutionnelle (mondes de l’art/université)

✤ Post-humain (décentrement humain, rapports aux vivants)

Le projet actuel, L’atelier des basculements, prolonge les champs abordés dans le précédent séminaire. Il s’attarde sur les questions écologiques contemporaines (résultant notamment de l’extractivisme) et l’exploitation du vivant en regard des pensées non moderne, du posthumain et de la pensée des institutions.

Par ailleurs, ces diverses activités de recherche et de création à Turbulence ont permis d’ajouter une interrogation bâtimentaire au projet initial. Aussi, la pratique de résidence a affecté les pratiques artistiques et la recherche qui ne peuvent plus être pensées extérieures, hors sol, déconnectées. Penser la déconnexion actuelle du bâtiment peut notamment permettre de penser la déconnexion des pratiques artistiques et de la recherche. On peut se demander si une production de plus, un objet de plus, est encore pertinente, voire, plus radicalement, si l’art garde une pertinence et une efficacité face aux enjeux majeurs de notre époque (catastrophe écologique, poursuite de l’exploitation humaine, cadres de pensée en difficile transformation). 

Pour résumer, L’atelier des basculements est une pratique de la bascule dans plusieurs sens : provoquer des basculements, basculer avec ou travailler sur les basculements en cours. Et les basculements sont multiples : basculements que connait notre époque (climatique, géopolitique, gouvernemental…) ; mais aussi, basculement des positions (chercheurs, artistes, citoyen, enseignant, étudiant, personnel universitaire…) ; basculements des différences et catégorisations (animal, végétal, minéral, humain) ; basculement des manières de faire de la recherche-création (avec qui, pour qui, comment) ; basculement de la production, tant un atelier peut être un moment partagé, un espace de fabrication d’objets – artistiques ou non –, un endroit où une pensée s’élabore (sans production matérielle obligatoire) et d’autres choses encore. L’atelier des basculements est également lié à son environnement, il se déroule à Turbulence et profite de la situation quelque peu cachée et confidentielle pour en faire un refuge dans lequel les attentes de production (artistique et universitaire) ne sont plus obligatoires et l’exposition aux regards est suspendue si nécessaire.

Les Séances

  • Lacunes
  • Commune présence
  • Cinéma posthumain ?
  • Presqu’île
  • Mondes de l’art et cultures en réseau
  • Désorceler l’université… encore
  • Basculer le regard

Lacunes

Thierry Fournier

En présence de Thomas Gendre,

artiste, étudiant d’Aix-Marseille Université et assistant du projet.

Mini-exposition | 27 Fev. 2024 | Galerie, Turbulence

Photogrammétries, images 3D et vidéo
Œuvre créée au sein du projet Commune présence

Lacunes est une série d’images 3D, impressions à l’échelle 1:1 et films, créées à partir de photogrammétries 3D de fleurs et de végétaux. L’impossibilité de ce dispositif à restituer complètement les végétaux captés génère des manques et des interpolations formelles : un geste pictural émerge alors, à partir des limites de l’algorithme pour représenter le réel. Toutes les fleurs proviennent du même jardin, imagées au fur et à mesure de leurs floraisons. Lacunes est une des premières œuvres liées au projet Commune présence.

Commune présence

Dans le cadre du projet Commune présence avec quatre artistes invité·es par Thierry Fournier

(en visioconférence) autour des relations spécifiques qu’elles et ils ont créé avec leurs milieux et les définitions

qu’elles et ils en proposent : Fanny Terno, Thomas Vauthier, Marianne Villière, Juliette Fontaine.

Rencontres & discussions | 29 Fev. 2024 | Galerie, Turbulence

9h-10h30 : Fanny Terno et Thomas Vauthier, artistes et chercheureuses français·es développent une pratique collaborative sous le nom de Disconoma depuis 2016. Que l’on pourrait définir comme « au milieu », à la fois de leurs sensibilités respectives, des cultures (française et japonaise), des médiums (de l’installation à l’image, en passant par la performance). Ensemble, iels explorent le potentiel de l’art comme outil de revitalisation, sociale et environnementale. À cette fin, iels produisent des documentaires (photographiques et sculpturaux), des événements collaboratifs, construisent des dispositifs spatiaux et animent des espaces d’art alternatifs. Iels développent également une pratique discursive, au sein de doctorat de recherche par l’art, menés entre la France (Aix-Marseille Université, l’École Nationale de la Photographie d’Arles) et le Japon (Université des Arts de Kyoto, avec le soutien du gouvernement japonais MEXT).

11h-12h30 : Juliette Fontaine et Thierry Fournier, présentation du projet Commune Présence. Juliette Fontaine est artiste, autrice et curatrice, elle dirige également le Capa – Centre d’arts plastiques d’Aubervilliers. Créé en 2023 et animé par Juliette Fontaine et Thierry Fournier, le projet Commune présence inaugure une expérience de création, expériences, résidences et expositions dans un lieu rural du Perche.Il vise à déployer une pratique artistique et critique en relation étroite avec son milieu : végétal, animal, minéral, humain et social. Pour sa première année, Commune présence a donné lieu à un travail sur la biodiversité de son propre lieu, les œuvres Le Dessin Horizon et Lacunes, ainsi que ce premier cycle d’entretiens avec des artistes partageant des préoccupations analogues.

14h-15h30 : Marianne Villière, artiste dont la pratique se caractérise notamment par des protocoles d’action situées, dans le cadre de performances et d’œuvres plastiques. Après un Master à l’ENSAD de Nancy, elle est diplômée du Master CCC – théorie critique à la HEAD de Genève et obtient le prix Gianni Motti. Dans l’espace commun, sa démarche cherche des points de bascule de manière à : inverser des rapports de forces – rendre perceptibles les marges et/ou la biodiversité. Cela l’engage dans des compositions de situations contextuelles et éphémères. Ses interventions proposent une lecture à double tranchant, semblant drôles voire superficielles, pour ensuite faire face avec brutalité.

Cinéma posthumain ?

Marianne de Cambiaire & Jean-Michel Durafour

Conférence | 01 Mar. 2024 | Salle de projection, Turbulence

Qu’est-ce qu’un cinéma posthumain ? S’agit-il d’un cinéma qui rêve de cyborgs et d’intelligence artificielle ? ou bien, pourrait-on imaginer que le posthumain se loge en d’autres endroits, par exemple dans une certaine conception du montage ? À partir d’une réinterprétation de la notion de posthumain, nous analyserons quelques exemples cinématographiques tirés des œuvres de Michelangelo Frammartino et Apichatpong Weerasethakul, et proposerons, en revenant sur l’histoire du cinéma, de discuter d’une éventuelle vocation posthumaine du dispositif cinématographique.

Presqu’île

Jean Arnaud, Novella Oliana (collectif Tombolo)

Séminaire | 6 déc. 2024 | 14h-17h | Amphi Massiani, site Saint-Charles

L’isthme qui relie le cap Taillat (ou Cartaya), situé dans la zone des 3 caps (Lardier, Camarat et Taillat) près de Saint-Tropez, est constitué d’un socle rocheux affleurant et recouvert de sable ; mais il est parfois immergé quand les eaux sont hautes. Comme toute île, ce cap est un terrain de métamorphoses permanentes. Ce territoire possède une histoire humaine singulière, et son caractère sauvage est en permanence menacé car il est très fréquenté par les randonneurs et les touristes. Sa gestion socio-économique et politique est aujourd’hui déterminante quant aux conditions de sa préservation. Le cap Taillat est administré par le Conservatoire du littoral (64 ha de domaine public maritime), en vue d’assurer sa survie selon une cohérence de gestion entre la terre et la mer.

Le projet Presqu’île se construit selon un principe métonymique, à partir d’une perception singulière, subjective et transtemporelle des caractéristiques du Cap Taillat. L’expérience se développe à partir du lieu selon un mode de pensée presqu’îlien, diagonal (Caillois) et métamorphique. Cette proposition tient autant du documentaire que de la fiction uchronique.

Tombolo

Presqu’île est proposé par Jean Arnaud et Novella Oliana dans le cadre des activités du collectif Tombolo. Ce dernier a été initié par les artistes chercheurs Jean Arnaud, Elsa Ayache, Pierre Baumann et Novella Oliana en 2023. Globalement, Tombolo entend structurer une méthode ouverte de recherche / création / formation
depuis les arts, fondée sur des convergences constatées entre différents projets individuels et collectifs conduits par les fondateurs. Les propositions de Tombolo se développent à partir d’enquêtes sur différents territoires localement circonscrits. Il s’agit de travailler sur la relation du vivant (quel qu’il soit) à ces territoires, en utilisant une approche mésologique et documentaliste (Ferraris) des sites choisis et selon quelques règles et hypothèses : 

  1. Mener l’enquête à différents niveaux scientifique et artistique sur des terrains qui paraissent autonomes, en repérant leurs forces et leurs fragilités, afin de définir les effets de l’assujettissement de ces territoires à un contexte climatique et socio-économique dont ils sont dépendants ; 
  2. Tombolo ne sépare pas la production de textes, d’images (documentaires ou artistiques) et d’objets collectés ou fabriqués ;
  3. Concernant la production d’images, Tombolo prend en compte non seulement leur écologie (Gombrich, Sontag) mais aussi les moyens de diffusion de leur production, s’inscrivant dans la réflexion critique en cours sur le gigantesque et énergivore système économique qui leur est maintenant consubstantiel (l’iconomie des images) ;
  4. Épistémologies : définir comment la relation s’établit entre les différents regards, les approches écosystémiques et les analyses (artistiques, scientifiques, etc.), ayant pour objet un territoire spécifique et interdépendant (interactions, convergences, contradictions, harmonie / disharmonie des hypothèses, etc.) ;
  5. Questionner l’histoire, la mémoire et la géologie des territoires investigués pour mettre en évidence leurs spécificités ; 
  6. Élaborer des espaces critiques pour partager les caractéristiques socio-historiques et écologiques de ces territoires, y sensibiliser des publics variés ; tenter de définir des méthodes d’approche plus largement modélisantes ; 
  7. Comment l’enquête locale affecte et révèle un phénomène plus global (la question de l’échelle). Dimensions métaphoriques, métonymiques, symboliques et allégoriques de ce rapport, en relation avec les traces et indices prélevés ou les objets fabriqués ;
  8. Tombolo propose différents régimes de temporalité dans ses productions, confrontant le temps long au temps court à travers différentes formes de récits ; 
  9. Énoncer des gestes créatifs et inventer diverses formes de restitution du travail mené sur le terrain : narrations, objets, textes poétiques, dessins, vidéos, lectures / performances, éditions, etc. ; 
  10. Mesurer-tracer. Suivre les traces et les pistes. Cartographies objectives et subjectives;
  11. Définir des activités et/ou des systèmes de défense, de résistance et de protection à partir de ces investigations ;
  12. Créer avec les phénomènes d’usure ou de destruction/reconstruction.

Mondes de l’art et cultures en réseau

Alain Barthélémy

Séminaire | 28 février 2025

Désorceler l’université… encore

Collectif art&langage

Séminaire | 21 mars 2025

Basculer le regard

Fabienne Denoual & Camille Prunet

Séminaire | 28 mars 2025