espace

Épistémologie pour médium

Ce séminaire de recherche-création est pensé pour nourrir, de manière expérimentale et exploratoire, le programme Épistémologie pour médium. Pour ce faire, il conjugue des résidences artistiques et de recherche à Turbulence, ponctuées de sorties d’atelier et de conférences. À ces occasions, il accueille des artistes-chercheurs – avec toutes les modalités de conjonction et de disjonction possibles entre ces deux termes –, qui s’emparent de la question diversement.

Ce séminaire est une mise en œuvre des trois objectifs du programme :
① Recensement et analyse des pratiques artistiques travaillant l’épistémologie ;
② Productions et expérimentations plastiques du médium épistémologique ;
③ Exploration épistémologique de la recherche en arts à travers une pluralité de modalités de travail.

Les séances

  • 21/10/22
  • 03/11/22
  • 18/11/22
  • 22/11/22
  • 30/11/22
  • 02/12/22
  • 12/12/22

Écosystème de l’art pour médium

Dos Mares

Présentation publique en sortie de résidence | Vendredi 21 Oct. | Salle d’exposition

A partir des mots et des formulations qu’une sélection d’artistes emploie pour parler de leur travail, de leur position artistique, de leur démarche et de leur pratique, nous allons établir un protocole de colorisation du discours afin de dégager une représentation plastique de ce qui est dit. Cette série d’images propose ainsi une forme plastique de l’utilisation de l’expression orale dans la médiation d’un travail artistique. Ces portraits de discours seront présentés accompagnés du nom de l’artiste interviewé.e, en reprenant l’accrochage traditionnel d’une galerie de portraits.

Dos Mares est un projet artistique et une plateforme curatoriale qui regroupe un ensemble de dispositifs imaginés par le duo d’artistes Ronald Reyes Sevilla et Laurent le Bourhis. Chacun de leurs projets engage des dimensions politiques, sociales, économiques ou relationnelles en lien avec le sujet de leurs recherches : l’écosystème de l’art lui-même. Dos Mares accompagne ainsi à travers ses dispositifs les artistes et chercheurs dans la pensée de leur pratique, le développement de leur réseau professionnel, l’analyse critique de leur travail, la production de connaissances interdisciplinaires, la mise en place de pratiques translocales, le commoning, les collaborations interculturelles et la construction de modèles économiques alternatifs et hybrides.

Dos Mares est un projet artistique et une plateforme curatoriale qui regroupe un ensemble de dispositifs imaginés par le duo d’artistes Ronald Reyes Sevilla et Laurent le Bourhis. Chacun de leurs projets engage des dimensions politiques, sociales, économiques ou relationnelles en lien avec le sujet de leurs recherches : l’écosystème de l’art lui-même. Dos Mares accompagne ainsi à travers ses dispositifs les artistes et chercheurs dans la pensée de leur pratique, le développement de leur réseau professionnel, l’analyse critique de leur travail, la production de connaissances interdisciplinaires, la mise en place de pratiques translocales, le commoning, les collaborations interculturelles et la construction de modèles économiques alternatifs et hybrides.

Antefuturs ?

Nicolas Feodorof

Projection vidéo et étude de cas | Jeudi 3 Nov. | Salle de projection

Pour des modes de récits explorés ou empruntés reliant les films de ce programme, il s’agirait comme en couture, d’en reprendre les fils, de les défaire pour les refaire ou s’en déprendre, ou pour coudre ensemble des parties ainsi déliées. Donc d’en emprunter les possibles à (ré)imaginer, comme de dégager les virtualités enfouies. Ainsi face aux récits matriciels de la modernité passant les objets au tamis du musée, Somniculus d’Ali Cherri revisite quelques musées parisien afin d’en rêver et faire rêver les objets sur socle ou sous vitrine. Pour Ana Vaz, les récits ancrés dans l’histoire forment un présent violent, ici au Brésil, comme elle le souligne dans son bref et incandescent poème visuel Há Terra ! Et avec Tabita Rezaire, il s’agit autant de reprendre que de se projeter dans un futur improbable, nourri de mythes ancestraux comme technologiques, comme le titre Hoetep Blessings avec ses sonorités égyptiennes y invite. Mythes qu’elle s’emploie à revisiter, malaxer et passer aux filtre de ses connections aussi extravagantes qu’informées. Trois gestes, trois prises de position aux écritures dépliant autant de possibles des images, du Louvre à Internet.

Somniculus

Ali Cherri

France, vidéo HD, 2017, 15′

Somniculus d’Ali Cherri s’inscrit dans un travail interrogeant la place qu’occupe l’objet archéologique dans la construction des récits nationaux. Filmé dans les galeries désertes et hantées de musées parisiens (musée de la Chasse et de la Nature, musée du Louvre, musée du Quai Branly et Muséum national d’histoire naturelle), Somniculus déploie les tensions traversant les objets exposés, entre leurs usages passés, leur destinations d’objets exposés et leurs possibles à venir. Et offre une exploration à rebours, dans le contexte de l’espace muséal comme expression d’une modernité problématique.

Há Terra ! (There Is Land !)

Ana Vaz

France/Brésil, 16mm transféré en HD,  2016, 12’47

Poursuivant ses recherches sur la modernité, le colonialisme avec le Brésil comme point d’ancrage privilégié, Há Terra ! (There Is Land !) d’Ana Vaz fait suite à A Idade da Pedra (2013) où elle imaginait la prémodernité au Brésil. Pour ce poème visuel, elle reprend sa jeune protagoniste Ivonete dos Santos Moraes, qui ici a rejoint le mouvement brésilien des sans-terre dans le « sertão ». Jouant de la vue et du visible, des temps intriqués, avec comme écho ce « Land ! Land ! » emprunté à Manoel de Oliveira comme souvenir lointain du colonialisme, Há Terra ! offre selon les mots d’Ana Vaz « une rencontre, une chasse, un récit diachronique du regard et du devenir ».

Hoetep Blessings

Tabita Rezaire

France/Afrique du sud, vidéo HD, 2016, 12’30

Dans cette pièce, Tabita Rezaire poursuit son travail mêlant technologie, afrofuturisme, mythes et féminisme. Hoetep Blessings déplie les significations possibles du htp, superposant comme autant d’incrustations possibles, les symboliques les plus inattendues, de l’égyptologie à l’argot Internet, en passant par l’informatique et la neurophysique. En ajoutant un « e » à l’orthographe conventionnelle de htp – de hotep à hoetep-, Tabita Rezaire ajoute sa propre mythologie, diffractant ainsi les savoirs comme les interconnections.

Nicolas Feodoroff est critique d’art et de cinéma et programmateur, notamment au comité de sélection du FIDMarseille depuis 2006. Il enseigne la théorie et le cinéma aux Beaux-Arts de Marseille depuis 2017. Il contribue régulièrement avec des structures dédiées au cinéma et à l’art contemporain (workshop, conférences, colloques, jurys, programmation) notamment à l’ENSP-Arles,

au Jeu de Paume-Paris, au CPIF, à la Fondation Paul Ricard, au Forum des images-Paris, au BAL-Paris, au MAC-Marseille et au Mucem.

L’Insu

Thierry Fournier

Présentation publique en sortie de résidence | Vendredi 18 Nov. | Salle d’exposition

Write No History (2021) est un court-métrage du collectif afro-américain Black Quantum Futurism qui donne à voir un rituel occulte. La scène d’ouverture, en plongée verticale, surplombe un cercle de personnes entourant des objets – des fleurs, des miroirs, une boîte noire – qui serviront de repères et de guides à travers les temporalités multiples et concomitantes représentées et évoquées dans l’œuvre. Les sonorités électroniques et glitch enveloppent et accompagnent les spectateurs·rices dans cette fiction afro-futuriste se déployant dans le présent, le futur et le passé.

Dans le cadre de cette conférence, je propose de réfléchir aux méthodologies créatives du collectif, inspirées conjointement de la physique quantique, de l’astrologie et des cosmologies africaines. J’en soulignerai les expressions formelles dans le court-métrage et la dimension politique, alors que les artistes afro-américaines réclament la densité historique de leurs corps et se délient, ne serait-ce que symboliquement, de la colonialité du pouvoir. Je m’attarderai également à la question du « secret » qui parcoure l’œuvre : si les images du rituel nous sont accessibles visuellement, elles demeurent en partie (ou totalement) inintelligibles. L’œuvre ne permet pas de saisir – au sens de comprendre et de prendre – les savoirs afro-diasporiques déployés et remémorés par les corps dansants et les artefacts. Write No History résiste, au niveau de la forme et du fond, aux modèles épistémologiques dominants.

Thierry Fournier est artiste et curateur indépendant. Sa pratique aborde principalement des questions d’altérité, à travers les relations entre humain, vivant et technologies : installations, objets, œuvres sur internet, vidéos, dessins, performances… Sa démarche de curateur transpose ces enjeux dans le champ collectif, en explorant notamment les modes de coexistence des œuvres. Il est autodidacte et architecte de formation (diplômé de l’École nationale supérieure d’Architecture de Lyon). Ses œuvres sont très régulièrement exposées en France et à l’international.

Il enseigne également à Sciences Po Paris, où il a créé et dirige depuis 2011 l’atelier d’art contemporain L’Exercice du regard. Il a créé et co-dirigé de 2015 à 2020 la collection publique d’art contemporain Collection Artem à l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy, ainsi que le groupe de recherche curatorial Displays de 2015 à 1019 à l’Ensad/EndaLab. Il a été artiste-professeur invité au Fresnoy, Studio national des arts contemporains, en 2018. Il est directeur artistique et co-directeur éditorial du collectif et de la revue AntiAtlas des Frontières, avec Jean Cristofol, Anna Guilló et Cédric Parizot.

Write No History :

sagesses afro-diasporiques et résistance quantique dans l’œuvre de Black Quantum Futurism

Gina Cortopassi

Projection vidéo et étude de cas | Mardi 22 Nov. | Salle de projection

Write No History (2021) est un court-métrage du collectif afro-américain Black Quantum Futurism qui donne à voir un rituel occulte. La scène d’ouverture, en plongée verticale, surplombe un cercle de personnes entourant des objets – des fleurs, des miroirs, une boîte noire – qui serviront de repères et de guides à travers les temporalités multiples et concomitantes représentées et évoquées dans l’œuvre. Les sonorités électroniques et glitch enveloppent et accompagnent les spectateurs·rices dans cette fiction afro-futuriste se déployant dans le présent, le futur et le passé.

Dans le cadre de cette conférence, je propose de réfléchir aux méthodologies créatives du collectif, inspirées conjointement de la physique quantique, de l’astrologie et des cosmologies africaines. J’en soulignerai les expressions formelles dans le court-métrage et la dimension politique, alors que les artistes afro-américaines réclament la densité historique de leurs corps et se délient, ne serait-ce que symboliquement, de la colonialité du pouvoir. Je m’attarderai également à la question du « secret » qui parcoure l’œuvre : si les images du rituel nous sont accessibles visuellement, elles demeurent en partie (ou totalement) inintelligibles. L’œuvre ne permet pas de saisir – au sens de comprendre et de prendre – les savoirs afro-diasporiques déployés et remémorés par les corps dansants et les artefacts. Write No History résiste, au niveau de la forme et du fond, aux modèles épistémologiques dominants.

Méga- feux & Everyday

Elsa Ayache & Sara Bédard-Goulet

Présentation publique en sortie de résidence | Mercredi 30 Nov. | Salle d’exposition

Au sein du moment de restitution de la résidence, deux paroles, praticienne et poétique dialogueront et interrogeront la méthodologie de la recherche-création dans le champ des humanités environnementales et des care studies. À travers un travail sur les mégafeux en Amérique (textes et série de dessins à l’encre sur papier parfois brûlé, 2018-2022), je souhaite aborder l’idée qu’entre l’événement destructeur et sa représentation, se trouve un écart investi par l’art permettant de s’extraire d’une temporalité de l’urgence. L’œuvre ne « répond » plus, à proprement parler, à la crise, mais l’incarne pour revenir à ce qui est là et à ce qui disparaît, pour être à l’instant de la perte de contrôle et de l’accident. Il s’agit d’« y être » : par la temporalité longue d’un dessin minutieux qui traite l’incendie foudroyant ou celle, accélérée, d’une œuvre qui a flambé et dont on expose les restes. « Y être » : non à l’événement, mais au danger a-temporel qu’il re-présente. « Y être » : au fragile, séculaire. « Y être » : à ce point infime du basculement qui définit le vulnérable. Un dessin, des mots, qui n’ont pas d’intention ou de fonction descriptive, documentaire, contestataire, militante ou d’appel à l’action peuvent interroger la manière dont la crise écologique vient travailler nos propres incertitudes, notre capacité de regard et les formes de l’art qui permettent de nous y relier. Ainsi, des œuvres sont susceptibles de créer des espaces-temps où le petit et le grand se donnent en miroir au sein d’un seul et même écosystème, en faisant résonner l’individuel et le collectif, l’intemporel et le situé, le domestique et le politique.

Everyday Crisis est un projet d’écriture nourri par une recherche sur les diverses réactions humaines suscitées par la sixième extinction de masse. Il repose plus largement sur l’idée qu’on puisse considérer la catastrophe écologique actuelle comme un (hyper)objet, que l’on pourrait dès lors étudier à partir de la théorie de la relation d’objet développée en psychanalyse, tout en indiquant les problèmes posés par cette idée. Il s’inspire par ailleurs de récits de cure psychanalytique, dans lesquels sont prélevées des citations servant à construire un récit portant sur la crise climatique au quotidien, qui s’écrit parallèlement en trois langues (français, anglais, estonien).

Penser bosquet, bosquete

Pierre Baumann & Jean Arnaud

Présentation publique en sortie de résidence | Vendredi 2 Déc. | Salle d’exposition

Un bosquet est un territoire boisé isolé et plus ou moins fermé, le plus souvent émergeant dans une plaine ou une région vallonnée, d’une surface comprise entre cinq et cinquante ares. Il est organisé à de multiples niveaux (biologique, minéral, agronomique, industriel, socioculturel…) qui interagissent entre eux dans une zone relativement autonome. Les bosquets sont des territoires boisés enchâssés dans une région socio-économique caractérisée.

Le bosquet dans une plaine ressemble à une île dans l’océan, et dans de nombreuses régions plus ou moins plates (Beauce, plaine de la Crau, Creuse, etc.), ils forment parfois des archipels terrestres. L’archipel est un ensemble d’îles, souvent diverses dans leurs caractéristiques locales, mais elles aussi situées dans une zone spatiale, climatique et économique rassemblée. De même, deux bosquets voisins se ressemblent vus de l’extérieur, mais ils possèdent souvent des écosystèmes et des histoires différentes quand on les observe de l’intérieur. C’est en effet en y pénétrant qu’on découvre non seulement leur richesse biologique, leur identité physique singulière et leurs usages, voire leur entretien par le vivant, mais également les symptômes d’une crise écosystémique globale dans un monde miniature.

Bien souvent, les bosquets constituent des petites poches de résistance et des zones d’accueil durables ou temporaires, aussi bien pour les humains que pour différentes espèces végétales et animales. La pensée archipélique, et celle du bosquet en particulier, définit un ensemble d’organisations et de motifs, souvent très divers, mais ayant tous la volonté de développer une raison d’être commune (local/global). Il s’agit d’une forme poétisée et politisée de la pensée rhizomique développée par Edouard Glissant à partir de Deleuze et Guattari ; il a utilisé les concepts de relation et d’altérité en y ajoutant ceux d’identité et de créolisation. La vision archipélique, c’est voir le monde comme un grand océan, et envisager que cet océan permet de relier des îles, de créer diverses « pirogues projets », et de s’ouvrir à l’inattendu.

Que serait une telle pensée du Tout-monde appliquée au bosquet par des artistes et des théoriciens ? Selon un mode de pensée « bosquetiste » — défini comme extension terrestre de la pensée archipélique océanique —, on pourrait observer et étudier de près chaque bosquet selon ses caractéristiques propres, en y engageant des champs épistémologiques divers, s’entrecroisant pour tenter de définir son identité locale, mouvante et sa valeur refuge, avant de la relier plus globalement à celle du monde comme il va. Comment percevons-nous nos paysages bosquetés, où coexistent souvent la “nature”, l’industrie, l’agriculture et l’architecture ? Le microcosme que constitue chaque bosquet donne à observer non seulement la friction entre les milieux, tels qu’ils furent pensés par Uexküll, Canguilhem et Watsuji, propres à chaque espèce vivante (animale, végétale, humaine), mais également l’enchevêtrement des relations et des nombreuses traces d’activités de toutes sortes. Au sens métaphorique, le bosquet définit un ensemble de choses abstraites dont le caractère relativement touffu, complexe, rappelle un petit bois. Une forme de pensée ou de praxis bosquetique peut-elle constituer une méthode pour créer du tiers et des espaces critiques? Autrement dit, la pensée bosquetiste n’est pas une hypothèse théorique, mais une proposition pour mettre en action des logiques d’attention, si possible de suradaptation comme le dirait Descola, sur la base de compréhension de micro-localités toujours originales et évolutives que nous avons cherchées à modéliser, dans un premier temps, à partir d’un bosquet malmené, nommé le “Mas de Leuze”, niché dans la plaine de la Crau entre éoliennes et zone d’activité logistique

Images décomposées, concepts en compos

Carole Nosella

Présentation publique durant la résidence | Lundi 12 Déc. | Salle d’exposition

En ouverture de la résidence, cette intervention visera à poser le cadre d’une expérimentation plastique et d’un travail d’écriture autour d’images d’archives familiales personnelles, photographiques et cinématographiques (super 8). Ces images stockées ont vécu une inondation puis ont été sauvegardées dans leurs enveloppes – album photo et boite de pellicule–, si bien qu’elles ont profondément subi la dégradation de l’eau. Les délivrer de leur support de stockage c’est s’exposer à leur disparition : l’encre se dilue et se transfère au plastique, la pellicule moisit et ne se déroule plus ou difficilement. Que faire alors de ces restes partiels quand on les dégage de leur condition ? Ces images à destination non artistique font apparaitre des phénomènes plastiques qui les déplacent de leur statut d’origine, alors qu’elles n’avaient pour autre intérêt que de garder la trace des moments photographiables, elles gagnent un surcroit esthétique qui les transfère potentiellement dans la sphère artistique. Pourtant leur origine continue à se faire sentir et provoque des frictions qui peuvent devenir, par une pratique du décentrement, le terreau de fictions. Elles sont aussi les témoins d’un appareillage des images non numériques, tout en étant des supports privilégiés pour réfléchir par écart et écho aux phénomènes liés aux flux numériques, étant altérées par une autre sorte de flux, l’eau. Il s’agira donc de discuter en quoi ces images décomposées viennent mettre en compost des notions et des concepts et en quoi elles peuvent être fertilisantes.

La pourriture noble

Archives audiovisuelles en fermentation
Carole Nosella invite Jacopo Rasmi, qui fera une intervention à partir de quelques courts-métrages expérimentaux.

La «pourriture noble» est un champignon qui développe un voile gris autour du raisin mûr et qui peut compromettre sa transformation ou bien mener à des vinifications savoureuses. Les images appartiennent aux cycles vivants de la matière et peuvent aussi être habitées par des moisissures, des champignons et plus généralement se dégrader mais aussi muer. Il existe une vaste tradition d’expérimentation cinématographique qui travaille à partir d’images retrouvées (found footage), en faisant fermenter et en transformant des archives oubliées. En écho aux matériaux de la résidence de Carole Nosella, la proposition de visionnage accompagnée d’une prise de parole tentera de raconter quelques uns de ces gestes filmiques qui valorisent – autant en termes plastiques que politiques – des images «pourries».